Monsieur le ministre,
L’insécurité aux abords de la prison de la Santé atteint des niveaux tels et induit de tels risques, susceptibles d’engager la responsabilité de l’Etat, qu’elle me paraît devoir être directement portée à votre attention. Tel a été le sens de la question orale que j’ai posée au ministère de l’Intérieur, au Sénat, le jeudi 7 mars dernier.
La réponse de la ministre déléguée chargée des Outre-mer ne m’a pas parue refléter, de la part des pouvoirs publics, une appréhension correcte de la situation et donc des solutions à y apporter. C’est pourquoi je me permets de vous écrire.
Le problème vient de l’absence de rondes permanentes et de gardes statiques autour de la prison. Cette absence de présence dissuasive en continu conduit à des désagréments intolérables pour les riverains (cris, coups de klaxon, bagarres, insultes, menaces intimidations, etc.). Mais elle pourrait également déboucher sur un drame.
Elle a ainsi permis l’installation, en toute impunité, d’un véritable système de livraisons illicites de colis aux détenus, par-delà le mur de la prison, au moyen de cordelettes et de crochets dont certains sont accrochés en permanence. Ces colis contiennent très probablement nourriture, téléphones portables et drogue. Comment cependant exclure la possibilité qu’un jour, l’un de ces colis puisse contenir des armes (couteaux, revolvers…) susceptibles d’être utilisées pour une attaque, une prise d’otage ou dans le cadre d’une mutinerie?
C’est compte tenu de la dangerosité de cette situation que je me permets de vous demander le retour des rondes et gardes 24h sur 24h, seule solution viable pour rétablir la sécurité. C’était d’ailleurs ce qui prévalait avant la rénovation de la prison de la Santé, achevée en 2019. Bien sûr, le Commissariat du 14e, ainsi que la Police municipale, interviennent aussi régulièrement que possible. Bien sûr également, les abords de la prison sont dotés d’un système de vidéosurveillance et une sorte de « hotline » a été mise en place à destination des riverains, leur permettant de signaler des incidents sans tarder. Mais ces solutions, très efficaces pour des interventions a posteriori, ne permettent pas d’éviter la survenue de situations dangereuses.
Je comprends que les moyens humains actuels du Commissariat de Paris 14e ne lui permettent plus, en l’état, d’assurer à lui seul la charge de ces rondes. Mais ces moyens pourraient être ajustés, ou mis en commun dans le cadre d’une collaboration avec la Police municipale. En tout état de cause, l’Etat ne saurait refuser d’assumer sa responsabilité de garantir, en permanence et donc par une présence humaine dissuasive en continu, la sécurité autour de la prison de la Santé, une prison en pleine ville.
Je vous prie de croire Monsieur le Ministre, à l’assurance de ma respectueuse considération.